Sancerre Clos de Beaujeu 2003
Domaine Gérard Boulay

Que donnent des millésimes solaires et très mûrs sur Chavignol ? Réponse dans le verre ! Voici quelques flacons qui vont parler à ceux qui aiment pousser le curseur de la connaissance et de la curiosité assez loin et qui voudront vivre de belles expériences. De manière assez naturelle, quand on pense Sancerre, on pense Sauvignon empreint de craie ou de silex ; on pense pamplemousse, herbe fraîche, menthe poivrée, on se voit à table avec un carpaccio de poulpe en terrasse... Mais les pros du vin, les journalistes, où les particuliers passionnés qui franchissent la porte de certains domaines de Chavignol raisonnent différemment. Car oui, Chavignol n’a rien à voir avec Sancerre, vraiment rien à voir. Les sols sont différents, et plus proches de ceux de Chablis que ceux du Sancerrois, et les expositions sur ces pistes noires tapissées de vignes offrent des maturités totalement différentes, et surtout : les vins de ce secteur vieillissent admirablement ! Chez Gérard Boulay, qui se partage avec une poignée de voisins, le podium des meilleurs auteurs de ce secteur, les verticales servies à l’aveugle au domaine sont dingues. Prenez par exemple ce 2003, année de canicule de malade, que tout le monde a enterré dès la naissance en se disant « c’est mou, ça ne vieillira pas... », ou 2009, année chaude encore, productive aussi... Quand on y pense comme ça, on se dit « bof ».. Sauf que là, on ne parle pas du Sancerre de base, mais du Clos de Beaujeu, LA parcellaire que j’ai dégusté au domaine sur 20 millésimes et qui depuis 1995, me fait vibrer de bonheur. Dans ces flacons, des teintes de miel, de plantes aromatiques, de menthol accompagnent des bouches qui se sont minéralisées, elles ont une pointe d’hydrocarbure qui rend les bouquets fabuleux et surtout, ils ne portent en rien le caractère trop solaire de ces années. Franchement, ces deux millésimes sont les témoins les plus extrêmes qu’ont les terroirs de Chavignol à se minéraliser dans le temps, et à offrir des vins complexes à presque 20 ans... Deux magnifiques bouteilles, deux expériences de vie !

Les 40 personnes, qui fin 2019 avaient fait le Wine dinner avec Louis Benjamin Dagueneau n’ont aucun doute sur ce que les terroirs de Chavignol peuvent donner sur 2009 ... Nous avions en effet servi les Monts Damnés du domaine sur ce millésime, et c’était juste dingue. Dans les conversations, on s’est demandé qui d’autre sur le village pouvait proposer de tels plaisirs, et tout le monde s’est accordé pour citer Gérard Boulay. Si vous n’avez pas encore bu de vieux millésimes du domaine, franchement foncez. A 42€ la bouteille pour une quille qui à 20 ans, c’est cadeau, vous serez je l’espère bluffés par la capacité qu’ont ces trésors à traverser le temps !