Sancerre Monoparcelle 538 2019
Domaine Claude Riffault

538 ? C’est grincheux ! En dégustant la semaine dernière cette cuvée Monoparcelle 538 de Stéphane Riffault, j’avais l’impression de sortir mon fils de 9 ans du lit un peu trop tôt : on sent le potentiel, mais... Blague à part, on parle d’un superbe parcellaire de la famille, d’un terroir de calcaire sublime, et surtout, d’un terroir à double détente ! Clairement, en jeunesse, faut pas lui en demander trop, un peu comme dans certains terroirs capricieux de Bourgogne (Perrières, Caillerets) qui en jeunesse, ne sont pas franchement les vins les plus drôles ! Par contre, quand le temps fait son œuvre, ça commence à devenir franchement sympa : iode, craie, salinité et rythme insolent, même quand le millésime est un peu chaud... C’est la griffe des grands terroirs ! Un conseil, mettez deux ou trois 538 de Stéphane Riffault de côté, et oubliez les 3-4 ans... Je vous assure que vous aurez une pensée émue pour nous ce jour-là. Si vous n’aimez pas, je vous les remplace, promis !

Comparer, c’est comprendre ! Cet après-midi encore, Arnaud (membre fidèle et breton, deux qualités qu’on adore) me disait dans un sms : " merci pour le cours sur la Corse de lundi, je commence à comprendre ce que j’adore, et je peux mettre des mots sur des sens... Merci pour toutes ces joies..." Quand je lis ça, je me dis qu’écrire 1 800 j’aime-j’achète par an à un sens... Essayons donc pour vous aider à choisir, de mettre des mots sur ces trois parcellaires : Chailloux, c’est une lame de fond animée par le silex qui vient dynamiter le bouquet de ce Sancerre, notes fumées, de silex frottés, sur fond de chlorophyle, menthe glaciale, ça vous happe, surtout quand il fait chaud. En bouche, ce n’est pas le règne de la largeur, mais d’une acidité fine qui rythme la dégustation. Dans 469, on élargit le scope aromatique, et surtout la bouche. Aromatiquement, on est moins variétal (comme toujours sur les calcaires vs silex), la craie s'emmêle dans la conversation, une trempe un poil plus tropicale vient dessiner l’ensemble. C’est tout aussi frais, mais plus large de texture et plus long. J’adore dans ce vin, son incroyable discipline de jeunesse, et surtout, la patine des fûts (de chez Sauzet pour certains) ; finissons enfin avec 538, un poil plus capricieux jeune, c’est l’intellectuel de la bande, celui qui ne dit pas grand-chose au départ, mais une fois que le feu d’artifice commence, on ne l'arrête plus. Franchement, si vous êtes pressé de déguster ces flacons, oubliez 538, il va bouder pendant 12-18 mois avant de se mettre en place. Au moment de son ouverture, là par contre, vous allez voir ce que vous allez voir : craie, iode, agrumes confits, menthol, le grip sur la langue est dément... Sur un plateau de fruits de mer, je vous raconte même pas !