Sancerre Pieuchaud 2019
Domaine Paul Prieur et Fils

« De grands terroirs qui encaissent tout… Même la chaleur, un jeune talent qui fait bouger les lignes, un artisanat qui refait surface et une viticulture engagée… Les amis, notez bien le nom de Luc Prieur dans vos petits carnets dans la catégorie " révélation ", car nous faisons le pari que ce jeune trentenaire va se faire une place de choix dans l'offre de Sancerre, et qu'il va participer à la révolution que vit actuellement l'appellation ! » Vous vous rappelez de ces quelques lignes ? Elles ont un an, tout pile. En janvier 2021, Mathieu et moi étions comme des enfants de retour de Sancerre à vous parler de ce jeune Luc Prieur (11ème du nom) dont la visite nous avait enthousiasmée. Nous n’attendions depuis, que la confirmation de nos ressentis, et surtout, les mises en bouteille des 2019, dégustés en élevage à l’époque... Eh bien la confirmation est éclatante ! Pour ceux qui découvrent, voici un vigneron installé à Verdigny (petit village qui épouse Chavignol), qui comme pas mal de ses voisins de son âge, vient disrupter un modèle qui selon ses mots « a trop bien marché tout seul ». A ses yeux, Sancerre est un trésor aussi grand et aussi complexe que les autres grandes régions, mais qui mérite plus de soin, un retour à l’artisanat, et un respect plus affirmé du végétal...L’agrément bio est en route pour les 2021, le travail depuis 5 millésimes en cave vise à baisser les taux de So2, on fait beaucoup moins, mais mieux... Bref, un jeune qui va dans le bon sens ! Au domaine, nous avions déjà flashé sur deux cuvées : Pieuchaud, un grand terroir d’argile Silex qui offre une lame de fond minérale exceptionnelle aux années chaudes que le Sancerrois enchaîne. Le 2019, dégusté à l’aveugle récemment, est à nouveau un coup de cœur, un grand sauvignon porté par le fumé du terroir, la chlorophylle, le zeste d’agrume confit. En bouche, du confort sans lourdeur, et un panache à ce stade admirable. Chacun remarquera que ce sont bien les 2019, qui ont fait 18 mois d'élevage qui sont proposés, par des 2020 comme la plupart des Sancerrois ! Ensuite, il y a LA pièce maîtresse de la cave, le bébé à ne pas toucher encore : Les Monts Damnés. Ici, c’est une bombe à retardement, un vin plus glycériné, qui sauvignonne moins, qui joue une carte gastronomique. A ce stade, il est en mode « veille » mais sa composition est un peu comme celle du très beau 2017, que nous vous présentions l’année dernière. A la dégustation, on pense d’abord : dimension, texture, volume, longueur avant de penser Sauvignon. C’est très très bien né et taillé pour un garde admirable. Mettez les 3-4 ans en cave, et vous allez décoller !

Ne négligez surtout pas les grands terroirs de Loire, faites les un peu vieillir ! Franchement, plus les années passent et plus je diversifie ma cave avec de grands Sauvignons de terroir, des grands chenins aussi et fais l’effort de les attendre.... De 20 à 30€, c’est un peu comme en Alsace, on trouve des bouteilles merveilleuses qui, sur une dizaine d'années, atteignent des complexités admirables, et des dimensions qu’on ne soupçonne pas quand on les achète mécaniquement pour un plaisir immédiat. Mon conseil : prenez 6 Pieuchaud pour cette année et l’année prochaine, et 6 Monts Damnés pour dans 4-5 ans. Je vous donne rendez vous quand ces grands terroirs vont se réveiller, et vous verrez un peu toute la magie qui sort d’un flacon de Mont Damnés « bien né et attendu ! »