Sancerre Damoclès 2022
Domaine Denizot

“Ma révélation sancerroise de l’année, un de mes plus gros coups de cœur au salon des vins de Loire ! Il nous tardait tellement de pouvoir partager ces ressentis avec vous !” Chers membres passionnés, voilà plusieurs semaines que je piétine, que je harcèle mon ami Gwilherm (agent du domaine) en mode : « C’est pour quand ? », « C’est livrable ? », « T’as encore ma réservation ? ». Et ce n’est pas pour vous parler d’un Clos Rougeard, d’un Bretaudeau ou d’un Pierre-Yves Colin-Morey, mais bien du domaine qui, selon moi, a cranté le plus dans toute l’appellation Sancerre sur 2022 ! Et je n’étais pas le seul à le souligner dans ce salon de février. Avec Philippe, membre passionné devenu vigneron à Vouvray au domaine de la Pierre Gravée (stay tuned, de solides propositions chez ce domaine aussi), nous parcourions les allées du salon en ne manquant aucun des top domaines… et nous nous amusions, entre quelques verres, à faire la synthèse des plaisirs proposés. Beaucoup de beaux domaines étaient présents, avec une grosse partie du cœur battant de Sancerre. Chez chacun, des trésors sur 2022 mais le domaine qui nous a frappés par sa gamme (et deux cuvées particulièrement), c’est le domaine de Thibauld et Jennifer Denizot dont les deux parcellaires sont franchement renversants sur cette vendange ! La première, Damoclès, était dans un coffret de Chais d’œuvre en 2018… J’avais senti que l’eau commençait à frémir chez ce jeune talent de Verdigny qui reprenait les rênes du domaine familial, en vous disant “Attention, talent !” Avec les 2022 et surtout la cohérence de la gamme, je vous le confirme : c’est du haut niveau ! On notera les petits détails qui participent à l’évolution du domaine : les sélections de levures indigènes travaillées par Antoine Pouponneau, qui ont permis d’obtenir des résultats plus précis, plus sincères grâce à cette population levurienne. Rappelons que c’est Dagueneau, le Pape de Saint-Andelain, qui avait à l’époque montré le chemin ! Autre point structurant : les doses de SO2 et le type de SO2… En gros, on n’en met quasiment plus et on utilise du soufre de mine, très différent du SO2 issu de la pétrochimie. Dans les vins, nombre de domaines connus le disent, comme les frères Pinard ou Gérard Courrèges au domaine Vaccelli, on gagne en pureté, en éclat, sans brider les vins. Enfin, et c’est peut-être le plus structurant pour faire de grands Sancerre : on prend son temps. Presque 18 mois pour cette cuvée remarquable, qui portent en son cœur la signature géologique des lieux ! En effet, Damoclès nait sur le lieu-dit l’Épée, un coteau calcaire très abrupt sur la commune d’Amigny. Dans ce vin, qui fermente en demi-muids et en cigares, on combine la race minérale des lieux à la maturité parfaite de beaux sauvignons. Ses notes de peau d’agrumes, d’orties, de menthe poivrée surfent sur un coffre minéral saisissant. Le 2022 s’affranchit des richesses du millésime et trouve dans la patine des demi-muids une texture qui envoûte. Enorme coup de cœur ! Les curieux se pencheront sur " Les Bouffants", on parle des terroirs de griottes au pied des Monts Damnés sur Chavignol. Un poil plus ample en texture, il est cintré par une partie d’élevage en cuve béton qui sculpte son grain. Des deux cuvées, c’est elle qui a le plus de chair. Absent aujourd’hui, mais à guetter dans les mois à venir : Séléné, trésor de Saint-Andelain, qui met en lumière une vieille massale de 64 … Je vous en reparlerai avec, en rouge, la fameuse cuvée « Biorga », qui boxe dans la catégorie des top pinots du millésime !

La révolution sancerroise est en marche et c'est un véritable bonheur de voir éclore chaque année de nouveaux talents qui font avancer l'appellation vers ce qu'elle peut proposer de meilleur. Si au-delà des domaines stars de Sancerre (A. Mellot, Vacheron, Pinard, Gaudry, Vatan, Bouley) vous voulez prendre la température chez ce domaine qui grimpe chaque année un peu plus, alors foncez sur ces vins qui méritent sincèrement votre attention. Le niveau grimpe, un peu comme ce fut le cas il y a dix ans chez les frères Pinard, et les réglages opérés sur la gamme forcent le respect. Côté prix, Thibauld et Jennifer gardent la tête sur les épaules, malgré l’inflation assez inquiétante observée sur Sancerre depuis deux années (les parcellaires explosent). Un dernier conseil avant de vous laisser et surtout pour vous donner envie : j’ai servi ces merveilles hier soir à la maison sur une salade de petits pois, avec menthe, citron confit, graine de coriandre pilée, huile d’olive et citron. Le tout était entrelacé dans les bras d’une burrata crémeuse… Une rampe olympique pour ces trésors (en blanc) de Sancerre !