Sancerre Le Paradis 2021
Domaine Matthias Planchon

« Des 2021 à tomber, qui entrent dans mon top 3 des blancs dégustés à Sancerre sur le millésime… Aucun doute possible, Matthias Planchon n’est pas là pour faire de la figuration à Sancerre et fait déjà partie de l’élite de l’appellation ! Mention spéciale également pour « La Lampe », son tout nouveau parcellaire qui, sur 2022, est juste hallucinant ! »

Chers membres passionnés, je vous parlais l’année dernière de Matthias Planchon comme d’une des adresses à suivre de très près au cœur de l’offre sancerroise, en vous disant : « attention, talent »… Et je renouvelle cette année ces commentaires car, à la dégustation des 2021, millésime pourtant challengeant, j’ai pris un pied monumental autour de ces cuvées !
Pour la petite anecdote, ce talent a été déniché par Philippe Noyé, alias « Ma Poule », qui, dans sa longue carrière d’agent de domaines, a découvert Dagueneau, le Clos Rougeard, Pierre Gauthier, Maxime Graillot, les frères Danjou, Stéphane Moreau-Naudet, Thibaud Boudignon, Jérôme Bretaudeau, Cécile Tremblay… et tant d’autres. Autant vous dire qu’il a du flair, notre ami Philippe, et qu’il se trompe rarement dans les poulains qu’il accompagne !

Après nous avoir totalement renversés par ses deux premiers millésimes (2019-2020), je me demandais ce qu’il adviendrait sur une année plus complexe comme 2021, en me disant : « c’est là qu’on voit qui sont les grands ! »… Eh bien je n’ai pas été déçu, au contraire : je me suis fait cueillir par la pureté des vins et l’émotion qu’ils déclenchent !
Le duo de parcellaires ne bouge pas (Matthias ne veut pas dépasser la taille de 5-6 ha) ; on retrouve donc deux belles parcelles qui font partie de la crème de l’appellation.

Les Herses d’abord, qui font écho à leur socle de silex, avec ce fond de chlorophylle et de silex frotté. Une bouche pure et racée, au relief saillant, persistant, imprimée de menthe poivrée. 2021 n’affiche aucun végétal : j’ai adoré !!
Et puis il y a le fameux Paradis, un socle calcaire que l’on connaît bien chez Mellot ou Vacheron, qui forge des Sancerre de grand pedigree. Là, c’est le terroir crayeux qui commande : on y retrouve des épaules plus larges, une concentration saline magnifique et la patine d’un élevage très fin. La persistance et l’esprit ne sont pas sans rappeler certains Pur Sang de Louis-Benjamin Dagueneau ! Un niveau saisissant !!

Enfin, un petit mot sur « La Lampe », lieu-dit qui est le premier à voir la lumière du jour sur l’appellation. Matthias nous présentait ce dernier-né de sa gamme il y a quelques semaines, et c’est juste saisissant : un coffre plus ample, un volume qui pousse dans tous les sens, avec du sel, de l’iode, qui coiffent un trait de menthe poivrée. Ce vin a la dimension d’un 1er cru de Bourgogne ! C’est très haut de gamme, mais c’est unique en dégustation !

Des prix qui décoiffent… mais, dans le verre, ce n’est pas que du sauvignon de pacotille ! En toute transparence, on a failli s’étouffer chez Chais d’œuvre quand on a découvert l’année dernière les prix du domaine qui, sans hésitation, positionne ses Sancerre parmi les plus chers de l’appellation. Est-ce justifié ou est-ce nécessaire pour que ce jeune atteigne rapidement le niveau de ses ambitions ?
On pourra se poser toutes ces questions en alignant, à l’aveugle, les vins du domaine avec ceux des plus grands de la région : Dagueneau, Pinard, Mellot, Cotat, Vacheron… entre autres ! Nous, chez Chais d’œuvre, on se frotte les mains à l’idée de mettre à l’aveugle, lors d’une soirée, quelques Pur Sang de Benjamin Dagueneau, un Grand Chemarin des frères Pinard, une cuvée Génération XIX d’Alphonse, et cet « outsider » qui a, de toute évidence, un bel avenir devant lui.


En tout cas, les vins ont tapé dans l’œil de pas mal de grands sommeliers ou acheteurs qui, comme nous, se sont dit : « il y a un truc, faut creuser » ! Alors si vous voulez goûter, faites vite, ne serait-ce que par curiosité. Vous verrez que, pour un premier tour de piste, c’est assez fascinant !