Sancerre Les Monts Damnés 2022
Domaine Gérard Boulay

Le Vincent Dauvissat de Chavignol... J'adore...! Je ne suis absolument pas objectif en écrivant ces quelques lignes sur Gérard Boulay, car j'adore tout chez ce domaine : l'homme, assez timide mais conscient de la qualité de ses terroirs ; ses vins, dont la partition aromatique et sensorielle n'est pas sans rappeler les plus grands terroirs de Chablis ; la patte, enfin, et le style de ces Sancerre, assez charnels qui vieillissent et se minéralisent avec panache. À mon sens, c'est lui qui, sur les terroirs vraiment à part de Chavignol, signe aujourd'hui les vins les plus précis, les plus vibrants et surtout les plus réguliers. Aussi, écrire ces quelques lignes sur le dernier millésime, c'est regarder un peu en arrière, et se rappeler des 1996, 1997 que j'avais ramenés dans mon sac à dos il y a 15 ans du domaine, de vraies bombes que peu de personnes connaissaient. Elles ont régalé un bon paquet de sommeliers et de pros qui, les uns derrière les autres, ont porté ces messages dans le monde. Aujourd'hui, le domaine est « sold out » très rapidement, le succès et la notoriété de ces Sancerre se sont déployés outre-Atlantique ! En 2023, nous présentions les très rares vins du millésime 2021. Un millésime fragile en moyenne dans l'appellation, mais excellent au domaine. Les 2022 enchaînent avec panache et surpassent largement son aîné par sa plénitude de bouche et son équilibre. J'y vois un mix entre 2018 et 2020 ! Deux très belles années au domaine qui, malgré les étés précoces et solaires, n'enlèvent rien à la griffe terroir de ce secteur de Sancerre ! Plongez-vous dans le j'achète, pour découvrir la gamme !

Comparer côte à côte les terroirs de Gérard Boulay est une expérience géniale. Surtout quand les années passent, je vous souhaite donc de mettre dans votre cave (bien fraîche si possible) ces trésors vendus à prix doux et de les attendre un peu. Vous retrouverez donc dans cette série de 2022, le trio tant attendu : « la Côte », le plus aimable jeune du trio de terroir proposé chez Gérard. Comme son nom l'indique, ça grimpe, on est à fleur de terroir sur ces coteaux impressionnants de Chavignol, mais on y fait surtout des vins de grande signature charnelle. Ample, enrobée, la matière de ce flacon se livre dans une texture un poil glycérinée avec ces teintes de menthe poivrée, de craie en filigrane. Clairement, le sauvignon n'est pas roi sur Chavignol, c'est le sol et l'exposition qui font tout. Misez donc sur La Côte si vous êtes pressé. Derrière, le duo « Monts Damnés » et « Clos de Beaujeu » est un choc des titans. Difficile de choisir à mon sens, les deux sont géniaux… J'avoue avoir un petit faible pour le Clos de Beaujeu, mais qui est lié à des souvenirs de 1996 et 1997 sur ce cru, des vins démentiels. Pour les comparer, dites-vous que le Monts Damnés est un peu comme un Valmur sur Chablis (grand cru large, avec de belles épaules et du fond) et que le Clos de Beaujeu est plutôt un Grenouilles (plus discret, moins large, mais plus sapide et long). Quoiqu'il en soit, si vous misez sur ces cuvées, vous ne vous tromperez pas sur cette vendange. Petit détail important : Comtesse, qui est située au pied des Monts Damnés, n'avait pas été produite en 2021, (faute de volume), mais rappelons que ce sont des vieilles vignes de 70 ans… Et dans ce genre de millésime sec et précoce, les racines des vieilles souches changent la donne. On notera l'extrait sec et la matière décuplée au cœur de ce trésor. Une quille à collectionner!