Auxey-Duresses Les Hautés 2020
Domaine Anne-Marie et Jean-Marc Vincent

« Certainement la progression la plus spectaculaire de toute la Bourgogne, et LE domaine à ne surtout pas rater sur 2020... Car c’est indéniable et salué par tous les professionnels du vin qui sont passés au domaine, Jean-Marc Vincent a changé de catégorie dans ce millésime et fait une entrée fracassante dans ce que j’appelle « La Super league », c’est-à-dire là où toute la gamme vous scotche, même si on n’est pas forcément sur les terroirs les plus évidents ou les plus connus ! En mars dernier, lors de ma visite au domaine quelques semaines avant les mises en bouteilles, j’ai pu prendre la température de ce millésime ahurissant (et le mot est faible) chez Jean-Marc Vincent. J’en suis ressorti complètement retourné ! Avant d’imaginer ces flacons, effacez tout ce que vous connaissez des vins du domaine car tout ou presque a changé depuis quelques millésimes. D’un point de vue agronomique d’abord, avec comme chez son ami Olivier Lamy, des densités de plantation accrues, qui changent le relief minéral et la concentration dans les baies... Pour certaines vignes, on est à 17000 pieds hectare, c’est titanesque comme boulot ! Puis on « tresse » les vignes, on en rogne plus comme le font Lalou Bize Leroy, ou Charles Lachaux (la super league quoi !), ce qui demande une main d’œuvre de malade... Mais ça marche ! En cave, les quelques personnes qui sont passées noteront que les fûts « Chassin » ont laissé place à des pièces rares de la micro tonnellerie « Pierre de Bourgogne », qui naissent de chênes plantés en coteau. C’est Bruno Lorenzon, vigneron émérite et tonnelier, qui a créé cette micro production de fûts et sincèrement, les premiers rendus sont hallucinants. Ces fûts ne marquent pas, ils cintrent les jus avec précision, ce qui change le rendu aromatique et tactile des vins. Enfin, Jean-Marc a cessé il y a quelques années de mettre du soufre en période d'élevage, ce qui a libéré totalement la matière de ses vins. Une infime dose de soufre de mine est utilisée à la mise, un soufre beaucoup moins violent pour le vin que le soufre classique...un autre petit détail qu’une poignée de grands vignerons utilisent en se passant le mot. Bref, un pas de géant vers les sommets de la région est en cours et les vins sont tout simplement éblouissants. Lisez le j’achète, pour découvrir leur univers !

Les membres qui nous suivent depuis 2012 le savent : l’Auxey-Duresse les Hautes du domaine, est une vigne de cœur pour Jean-Marc... C’était sa première vigne à la reprise en 1997 du domaine. Un terroir de coteau qui épouse Meursault. Dans le 2020, je vous le dis et signe en dessous, le niveau est sublime, il est impossible de dire Auxey-Duresse, tant la minéralité est fine et le caractère racé. On peut amener quelques Puligny ou Meursault village de grands domaines à côté sans problème ! Toujours en blanc, le trio de premiers crus est magique : Beaurepaires laisse s’exprimer avec panache le relief caillouteux de ce secteur sud de Santenay (on est à coté de la maison d’Aubert de Villaine). Il propose des notes de craie, de peau d’agrumes, de châtaigne à peine torréfiée, de fleurs blanches. En bouche, c’est sapide, long... Digne d’un grand Chassagne à mon sens, avec ce caractère minéral pierreux très aiguisé ! Plus dense, et plus impressionnant encore, le Gravières est une énorme bombe à retardement qui, par son gras sec, sa puissance et sa concentration en extraits secs, joue dans la catégorie de Meursault 1er cru haut de coteau ! On sent clairement dans la haute densité, la nuance avec les autres vins, il paraît plus lumineux, sa matière vous transperce de haut en bas... Une quille de grand frisson ! Dans le Puligny, on retrouve la vigne voisine de celle de Vincent Dureuil : Les Corvées des Vignes. On est dans les bas de Puligny, mais c’est Pierre Gagnaire qui cuisine et le résultat est forcément superbe. On notera la signature du village, par rapport aux Santenay, par la matière plus délicate, plus classe. C’est moins puissant que les Gravières mais... quelle classe ! En rouge, là encore, on voit que Jean-Marc Vincent est passé dans la catégorie des très grands : matières florale, très complexe et trame quasi volnaysienne dans le Beaurepaires rouge qui se livre comme un bouquet de fleur liquide. On y trouve un peu d'épices, aucune austérité, un grain de tanins si fin ! Magique ! Le Gravières rouge imprime ses notes plus chaudes, son relief est plus épicé, sa trame de bouche est plus profonde. On retrouve une signature et une résonance qui m’évoquent quelques grands Pommard, son allonge est superbe. Clou du spectacle et véritable œuvre d’art qu’aucun esprit cartésien peut imaginer à Santenay : Gravité, la crème des premiers crus de Jean-Marc, vinifié à part en micro volume. Le 2019 qui a passé plus de deux ans en élevage est une expérience de vie, un vin aussi long que puissant, qui affiche les tanins si doux du millésime 2019. Servez-le dans 6-8 ans à l’aveugle, à côté d’un premier cru de Côte de Nuits et vous allez bien rigoler ! Un dernier mot sur les prix, qui ont bondi sur ce millésime... C’est le prix d’un travail aux vignes de titan, le prix de l’excellence, le prix du rare et du très grand. Car pour atteindre un tel niveau à Santenay, il faut y mettre tous les moyens et sur ce point, Jean-Marc est intransigeant. Goûtez ces merveilles, dans 2-3 ans, vous en aurez pour votre argent !