Saumur Brézé 2018
Brendan Stater-West

" Ça bouge beaucoup sur Saumur Manu, il faut que tu goûtes les premiers " Brézé " de Brendan Stater-West. Il a travaillé avec moi au domaine après son BTS viti oeno, et a vinifié à la maison ses 2018. Y a du fond, de la classe, tu vas adorer " ! Voilà ce que Romain Guiberteau m'a confié, en mai dernier juste à la fin du confinement. Nous échangions ensemble, une bonne heure par téléphone sur les prouesses de la vendange 2019 en Loire, et du renouveau de la région qui ne cesse de bouger ! La semaine dernière, Mathieu et moi avons eu la chance, de prendre la température chez ce talent naissant, avec de l'excitation bien sûr, et l'espoir d'y voir un peu de la patte de Romain dans les vins, mais aussi, avec le recul qui s'impose : " ne devient pas Romain Guiberteau qui veut " ! Eh bien nous n'avons pas été déçus du voyage ! Les petits blancs de 2019 qui ouvrent la gamme, sont plein d'espoir, de peps et de pureté. Ils séduiront les amateurs de jus de roche ! Les premiers rouges sont aussi intéressants, mais pas assez élevés (12 mois) pour passer au dessus de la barre dans notre sélection. Par contre, le Brézé est une fusée ! Ce terroir que le Clos Rougeard a révélé il y des décennies, avait trouvé dans le style de leur élève Romain, un relais de plaisir merveilleux ! Voici donc l'élève de l'élève... Brendan, prof d'anglais à Paris qui devient vigneron, et qui d'un coup de baguette magique, vient se faire une place de choix, parmi les grands espoirs de Saumur sur ce terroir ! Dans le verre, les amateurs de Brézé de chez Romain, retrouveront leurs petits : les Chenins fermentés sous bois trouvent dans ce 2018, le contraste que l'on adore sur ce terroir, une tension acidulée dynamique, un gras sec qui épouse l'ensemble avec panache, une fine patine des bois qui rend un poil bourguignon l'ensemble. C'est salivant, long, diaboliquement parfumé sur la nèfle, la poire et les touches crayeuses ! Quand on goûte ça, et que l'on connait un peu les vins de ce terroir, on applaudit et on tire son chapeau !

Je me rappelerai toute ma vie de ma première visite chez Romain Guiberteau en 2002. A l'époque, quelques noms de Loire rayonnaient dans la tête des passionnés : Dagueneau, Clos Rougeard of course, et quelques autres... Mais personne, vraiment personne n'aurait prédit à la région, l'engoument qu'elle connait aujourd'hui. Si vous aimez les grands Chenins secs de Loire, qui ont dans leurs gènes une race fabuleuse, une tension salivante et appétante, et que le style de Chenins fermentés et élevés sous bois vous ravi (les burgundy lovers adoreront), alors goûtez à ces premiers tirages de Brendan Stater-West. On est clairement dans la veine de ce que fait Romain en terme de style. Vous serez par ailleurs, épaté par les choix qui vont avec : bouteille, bouchon de 54 pleine fleur, étiquette super... En ouvrant cette fusée à quelques amis à l'apéro, vous les mettrez en orbites en leur racontant que Brendan était prof d'Anglais au départ à Paris, et que c'est un Brézé de Romain Guiberteau qui l'a fait tout abandonner, et devenir vigneron... Carton à table garanti ! Coté prix, on est dans la veine des vins de Romain, donc assez haut de gamme. Mais c'est mérité, le vin vaut largement son positionnement, et d'une certaine manière, vous participerez au décollage médiatique, de ce nouveau talent ! Alors, on goûte ?