Saumur Le Bourg Brézé 2021
Domaine Guiberteau

« L’élève a-t-il fini par dépasser le maître ? Moi je dis que oui, et fais le pari que Romain Guiberteau sera couronné en septembre prochain de la 3ème étoile RFV ! »
Chers membres passionnés, 11 ans pile séparent ce j’aime j’achète de la soirée de lancement du club Chais d’œuvre, c’était en 2012, dans un petit bar obscur de l’avenue Georges V. A l’époque, une quarantaine de clients venaient découvrir quelques trésors à l’aveugle, dont un superbe Saumur Brézé de Romain Guiberteau. C’était les 2008 ! Voici le moment que j’attendais depuis toutes ces années, cette reconnaissance qui justifie, in fine, la longueur de ces j’aime j’achète, où je vous disais que Romain Guiberteau dépasserait ses maîtres à pensée : les Frères Foucault du Clos Rougeard. Aujourd’hui, Romain est au sommet et l’alignement des planètes avec les maturités abouties des derniers millésimes et le décalage de ses cuvées en commercialisation rend la promesse encore plus excitante. 2022, 2021, 2020, 2019 pour les Carmes, c’est du très très haut vol, plongez-vous vite dans le j’achète pour saisir ces trésors !

Bon, commencer ces quelques lignes autour de la gamme, c’est avant tout revenir à 2021, ce millésime sacrifié par le gel qui, dans le verre chez les grands de Saumur, est juste génial. Lundi dernier encore, je pouvais mesurer l’énergie contagieuse et la salivation de ce millésime de Loire, en comparant tous les plus grands domaines côte à côte. Chez Romain, c’est le terroir qui donne le ton, le sel et la tension. Les chenins sont zestés, tendus, avec pas mal de sel. On est pas sur la simple promesse d’un millésime de fraîcheur, il y a plus de concentration qu’on en pouvait en espérer. Belle surprise. Ce millésime se décline dans un tout nouveau trésor de la gamme : le Bourg, fameux terroir du clos Rougeard connu pour ses rouges. Ici, c’est le chenin charnel qui chante, un vin qui écrit, avec ambition, l’histoire d’une nouvelle parcellaire. Les fondus de grands vins blancs du domaine voudront forcément goûter ! Sur 2022, le Saumur blanc classique est délicieux, porté par les fruits blancs, la craie saumuroise, et la fraicheur. Ce n’est pas un athlète de haut niveau, mais diable que c’est bon, surtout quand on le replace dans son contexte de blanc de plaisir. A 10°c, carafé, sur quelques clams gratinées, c’est le bonheur. On passe aux choses super sérieuses avec le légendaire Brézé, livré ici sur 2020. 2019 avait placé la barre haut, mais 2020 ne rougit pas derrière. Année moins concentrée mais toujours pleine de peps dans cette cuvée qui mérite 2-3 ans de bouteille pour se fondre. On a pu y goûter au salon des vins de Loire en février et, franchement, on a hâte d’être plus vieux ! Le Clos des Carmes est une bombe intégrale, totalement cosmique sur 2019, c’est le cœur, rappelons-le, de Brézé. Romain y forge un vin de pur fantasme, qui parle autant aux amateurs de Premiers Crus de Bourgogne qu’aux fondus de grands chenins. Tout est à l’unisson dans ce vin mi-bourguignon, mi-ligérien... Coing, sel, châtaigne, pignon, fine réduction, plantes... La palette est immense, les volumes hélas, minuscules... faites vite ! En rouge, vous comprendrez à la dégustation ce qui justifie que Romain atteigne cette année 3 étoiles RVF ( j’en fais le pari), avec des Arboises 2020 à tomber, pleines de floralité et de finesse, c’est le fantasme, là encore, des amateurs de Clos Rougeard qui ressurgit. Le millésime est mûr, mais pas écrasant ! En contraste avec cette vendange, vous serez aussi scotchés par la proposition des 2021 qui, du simple Saumur rouge, en passant par Chapaudaise, tiennent le niveau assez haut. J’aime ce millésime sur Saumur, car il est vraiment Ligérien, et pas juste solaire. Sur les petites cuvées, on se régale déjà avec cette vendange, ce qui permet d’attendre les 2019 ! Les cuvées parcellaires méritent un ou deux ans, car c’est à cet âge qu’on est plus profond, plus complexe. Pour ceux qui voudront prendre la température des 2022, il y a les premiers rouges de ce millésime qui a fait naître des cabernets pleins de fruit, avec un corps bombé et intense. J’ai pris beaucoup de plaisir à en goûter quelques-uns en élevage, en me disant : « tout sera top, mais il faudra les boire dans le bon ordre ». Ici, c’est la petite cuvée qui est proposée, un régal pour celles et ceux qui fondent de plaisir pour un cabernet plein de noyau et de fleurs !