Savennières 2018
Domaine aux Moines

Quelle dinguerie ce terroir de la Roche aux Moines… Je ne sais pas si certains d'entre vous ont passé un peu de temps lors du premier confinement, autour d'un petit cours digital qui parlait des différents styles sur Savennières et de ses terroirs, mais si ce n'est pas la cas, voici une bouteille franchement transperçante, qui met en lumière la magie du lieu et qui illustre un peu la " griffe " du domaine ! Cette griffe, Tessa Laroche a mis pas mal de temps à la trouver : vendanger mûr, mais pas trop tard non plus, faire les bons choix d'élevage pour élever sans trop boiser... Etirer les matières, pour laisser s'exprimer ce jus de roche unique, de la Roche aux Moines ! Depuis 2014, je vous le disais dans certaines fiches (certains ont pu y goûter), Tessa écoute pas mal les conseils d'autres grands noms de la Loire. Nady Foucault par exemple, du Clos Rougeard ! Depuis, on a vu se transformer le style, qui a regagné en netteté, en précision même, avec un enchainement de gros millésimes qui ont mis d'accord, quasiment toute la profession ! En demandant à Tessa il y a 15 jours, un échantillon des 2018, je m'attendais à une " belle quille ", mais pas à un tel coup de coeur ! Le millésime assez solaire, a d'une certaine manière " débridé " ou décoincé le caractère cistercien, de la Roche aux Moines, et lui a donné un corps athétique de toute beauté. Comme toujours au domaine, les malo ont été bloquées, ce qui permet à l'excellent support acidulé du Chenin et à l'énergie des schistes, de venir percuter cette matière ample, bien mûre, teintée de coing, de miel frais, et de pierre à fusil. Si à ce stade, une petite pointe fumée des élevages s'invite au bouquet, la bouche est munie d'un souffle et d'un rythme exceptionnel. C'est large, concentré, sapide, hyper long... GROS coup de coeur !

Purée, quand je vois les vieux millésimes du domaine des débuts des années 90 et ceux d'aujourd'hui, je me dis : quel chemin parcouru, quelle victoire ! Les vins sont mille fois plus définis, mille fois plus identitaires et vibrants, le sol de la Roche aux Moines est limpide dans chaque cuvée ! C'est splendide ! Pour la petite anecdote, j'avais servi des 2015 lors de la sélection du concours du meilleur sommelier de France, où une cinquantaine de gars pointus on quasiment tous reconnus la Roche aux Moine à l'aveugle, et la signature de ce haut lieu de Savennières ! Je pense que les 2018 sont " au dessus ", et qu'ils seront plus accessibles jeunes... (c'est pas plus mal !). Si vous connaissez, et que comme moi, vous adorez les vins du domaine, je sais que vous ne résisterez pas. Les prix n'ont pas bougé, c'est là encore, un signe de grande sagesse ! Si vous découvrez, goûtez absolument à ce monument de Savennières, c'est une des cuvées qui forge l'indentité de l'appellation, et une super bouteille à l'évolution ! Une fois cochée cette case, vous goûterez aux vins d'Eric Morgat (très différents), au Bel Ouvrage de Damien Laureau, et dans une quète de pureté extrème, les Savennières de Thibaud Boudignon ! Là, vous aurez un beau début d'idée de ce qu'est Savennières !