Vin de France Pur Sang 2019
Domaine Didier Dagueneau

« Pour nous, c’est une toute petite récolte, avec 4 fois moins de volume qu’en 2018. C’était assez chaud comme vendange, mais dès la naissance, j’ai aimé ce millésime qui a de la concentration et un peu d’étincelle. Dommage qu’il y en ait si peu, mais c’est toujours mieux qu’en 2021 où pour le coup, là, y aura rien du tout... je ne vais même pas faire les cuvées je pense, et ne produire qu’un seul vin ! » Voici les mots de Louis-Benjamin Dagueneau, qui lors de ma visite il y a 15 jours ,nous a fait redéguster les derniers vins du domaine. Nous avons commencé par les très rares 2021 (la cave est vide), qui est pas mal, mais dans un équilibre qui rappelle les années 90... Comme dit Benjamin, c’est un millésime que « Didier » (son père)  aurait aimé, car c’est là qu’on voit les bons vignerons... Puis il y eu les 2020, très prometteurs à nouveau, avec une vendange précoce, plutôt saine. Curieusement dans ce millésime en élevage, certaines cuvées sont plus expressives que d’autres, on notera l’exceptionnelle réussite sur «  Buisson Renard » . Que les amateurs se rassurent,  Silex et Mont Damnés gardent leur rang ! Sur les 2019 que nous vous proposons aujourd’hui, évidemment, c’est du haut vol. Blanc etc... (ex blanc fumé de Pouilly) est encore timide, mais on sent le style : pur, avec une petite réduction, un coté jus de roche mentholé, eau de riz. Il va se recentrer selon Benjamin à 8 mois de bouteille ! Le ton monte clairement dans le Pur Sang, large et épaulé comme toujours. Il a en bouche le sel de son terroir, et le gras sec qui l’enrobe, on oublie presque que c’est du Sauvignon tellement la partition est lumineuse et fine. En blaguant, Benjamin nous a dit qu’il était « idéal pour accompagner la galette des Rois.... » Par pitié, n’essayez pas, ce serait un beau gâchis ! Buisson Renard, qui depuis les 2017, brille particulièrement dans les vins du domaine, est sublime. Un vin à la «  Didier », selon  Benjamin, habillé d’une fine réduction, d’un couvert de menthol, avec des agrumes et un gras sec attachant. On a tous adoré, même Jacky Barthelmé (présent ce jour-là) qui a pourtant l’habitude de boire des grosses quilles ! Dans les Silex, on passe au mode « jouissif », puisque la lame de fond de la butte de Saint-Andelain vient dynamiter le corps athlétique du millésime. Sa persistance sur les notes de silex frottés, avec des notes d’herbes fraîches est à tomber ! Je le mets clairement au dessus du 2018 (très bon aussi, mais le millésime était très productif). Clou du spectacle, qui fût certainement ce jour là, un de mes plus gros coups de cœur : Babylone 2017, une dinguerie, un équilibre sucre-acidité de malade, un fond de mangue bien mûre, des agrumes, une persistance et un style qui rappelle de grands Riesling Allemands...Un immense Jurançon qui a devancé un autre millésime : 2013, superbe aussi, plus exotique encore avec des traits d’abricot confits... On s’est shooté avec !

Bon, je vous passe les détails qui ont suivi cette visite, avec un déjeuner au paradis, des bouteilles (trop de bouteilles...) de dingue... et les petites anecdotes qui vont avec...  Mais la douche froide est arrivée juste après, quand on a vu notre allocation arriver... -70% vs 2018, et donc très très peu de bouteilles à vous proposer. Je n’ai qu’un seul conseil à vous donner : grouillez-vous, on a quasiment rien cette année, ce sera un peu mieux l’année prochaine, et catastrophique sur 2021... Ça va être la guerre des bouteilles !