Vin de France Le Malabé 2020
Domaine Les Grandes Vignes

« Une belle découverte de l’Anjou Noir, guidée par Florian et Arthur… qui contient quelques secrets de cave et des rapports prix-plaisir évidents ! » Chers membres passionnés, ce soir, direction l’Anjou Noir, là où les sols sombres sculptent des vins pleins d’énergie souterraine, avec ces schistes qui étirent et structurent à la fois les matières. C’est Arthur et Florian qui m’ont emmené presque de force il y a deux semaines à la rencontre de la famille Vaillant. J’avais à peine dormi 4 heures, car j’animais la veille une grande soirée dégustation… mais sincèrement, cela en valait la peine ! Arrivés au domaine, ils m’ont échangé un sourire en coin : "Tu verras, on en met souvent de côté pour nous…". Personnellement, je n’y avais jamais mis les pieds. Eux, si. Ils connaissaient déjà la magie discrète du domaine Les Grandes Vignes – et c’est peu dire que la découverte m’a marqué. Cette visite, pleine de simplicité et de justesse, précédait celle d’un autre génie de l’Anjou, Pierre Ménard, dont nous vous proposions les vins il y a 10 jours. Et elle en a posé les bases. Car ici aussi, on parle terroir, nature, et d’un travail d’orfèvre mené en famille, sans sulfites ou presque, avec des élevages qui respectent le vivant, des vins qu’on laisse parler. Les Vaillant ne cherchent pas à plaire, ils cherchent à être sincères, et cela se lit dans les vins. Cela passe par la biodynamie, en place depuis 2010, et d’une vision : des chenins libres (moins de 7 mg de SO2 total pour chaque cuvée) et des vins qui se sculptent à la fois sous bois, mais aussi en grès et en porcelaine dans de toutes petites jarres qui décorent le fond de la cave, au cœur de la roche. Arrivé sur la grande table de dégustation (qui accueille très souvent des particuliers), nous avons mis les papilles en route avec leur bulle nature 2023, un pet-nat, comme on dit dans le jargon, que je n’attendais pas à ce niveau de finesse… Florian et Arthur eux-mêmes ont été bluffés. Joyeuse, fraîche, d’une netteté rare, sur le fruit blanc avec une pointe mentholée, elle m’a attrapé ! En passant aux vins secs, il y a eu une forme d’évidence dans La Varenne du Poirier 2022, qui conjugue à la fois la tension de beaux chenins, à l’étoffe d’une année précoce et chaude. Des notes de genêts, d’agrumes s’en dégagent, et se déploient en bouche avec un équilibre excellent : 12,8% d’alcool, avec 4,87 d’acidité… pour ceux qui aiment les détails, on parle d’une vigne sur les bords de l’Arcison, un affluent du Layon dont les coteaux sont tapissés de schistes noirs. Les Mailles à L’endroit a prolongé ce moment, avec ici une lecture des schistes associée au grès. Millésime 2021 ici, d’une vigne qui n’a pas souffert du gel. En termes de trame, on est plus pointu, plus étiré que sur la Varenne, on est plus long aussi. On sent aussi qu’on a été jusqu’au bout du rêve des maturités (13% d’alcool naturel), dans une année où les chenins ont rarement été portés à maturité complète ! Je ne serai pas étonné de voir « truffer » ce flacon dans quelques années ! On monte en gamme avec la Varenne de Combre, chenin sur schiste (toujours sur les coteaux de l’Arcison), mais avec un schéma de vinification différent : un peu de jarre et de cuve en grès pour ce vin plus élancé, au relief citronné-fumé, avec une petite touche lactique. Pour finir, un mot sur Malabé, la cuvée qui coiffe la gamme avec panache ! Ici, c’est le terroir qui bride les rendements, donc on concentre les messages. Le vin est vinifié en demi-muids à chauffe vapeur, puis passe 12 mois en jarre en grès. Dans le verre, c’est un vin plus construit sur 2020 qui est proposé, avec des vertus plus gastronomiques. Un petit mot sur la stabilité des vins : oui, c’est une lecture assez nature de l’Anjou Noir, mais les vins restent précis, et je tenais à le saluer !

Alors pourquoi j’achète ? Parce qu’Arthur et Florian me les ont fait découvrir avec des étoiles dans les yeux — pas pour le storytelling, mais parce qu’ils les boivent, eux, pour de vrai. J’achète parce que ces vins, derrière leur profil nature, parlent aux amateurs de justesse. À ceux qui cherchent des sensations sans filtre, mais avec tenue. À celles et ceux qui aiment les chemins de traverse, les vibrations franches, les nez vivants, les bouches ciselées. Mais j’achète aussi pour le plaisir simple : La Varenne du Poirier 2022, c’est du fruit croquant, du naturel sans caricature, de la buvabilité sans concession. La bulle nature 2023, c’est la fête du dimanche midi. Et Malabé 2020, c’est un blanc construit qui fait chanter le terroir autant que le chenin. Que vous soyez curieux, amateurs d’émotions brutes ou simplement en quête d’un vin à ouvrir sans vous poser de questions : cette vente est pour vous !