Vin de France Le Noyer 2023
Domaine Pierre Girardin

« Un double coup de foudre sensoriel dans la même semaine, qui nous a menés à la même conclusion : ce garçon va aller loin, très loin. »

Chers membres passionnés, à peine sept jours nous séparent de cette première rencontre avec Pierre-Vincent Girardin à Paris. Il présentait, via la petite agence qui le représente, certains de ses trésors bourguignons, mais également quelques pépites jurassiennes, liées à un projet remarquablement ficelé, adossé à une vision très claire. Et c’est en goûtant ses premiers jus que je me suis dit : « Alerte générale, ce garçon va aller loin ! »

Quatre jours plus tard, interpellé par ce premier contact, j’étais à Meursault, accompagné de Valentin, dans son magnifique domaine situé à l’entrée du village, pour mieux comprendre ce qui anime ce jeune Pierre-Vincent. Et ce n’est pas seulement le vin qui nous a intrigués : c’est l’intensité du projet, la clarté de la vision, la précocité du talent.

PV — c’est ainsi que l’appellent ses proches — n’a que 26 ans. Mais déjà, une vie d’adulte bien remplie : un nom pas simple à porter (celui de Vincent Girardin, figure marquante de la Bourgogne des années 1990-2000), un héritage à réinterpréter, une trajectoire à tracer seul.

À 16 ans, il a dû choisir : reprendre une part du patrimoine familial ou tout laisser derrière. Il choisit la première voie, s’y engage avec une énergie folle, travaille comme un acharné de ses 17 à ses 22 ans, quitte à passer à côté d’une partie de sa jeunesse. Aujourd’hui, il vole de ses propres ailes : 7,5 ha en Bourgogne, 6,5 dans le Jura — à Rotalier, chez les grands.

Ce Jura, il ne l’a pas choisi par hasard. C’est un coup de foudre pour les paysages : les haies, les arbres, la sensation d’un monde préservé, très différent de sa région natale. Mais c’est aussi un terrain de jeu idéal pour décliner, autrement, sa quête stylistique : des blancs d’une saisissante personnalité, vinifiés en demi-muids Chassin, élevés longuement sur lies, marqués par cette réduction subtile qu’il travaille comme une signature.

Il va d’ailleurs jusqu’au bout de chaque choix, comme ses rouges vinifiés en grappes entières, sans extraction, et élevés exclusivement dans du François Frères neuf. Rien n’est laissé au hasard. Il veut tout contrôler. Fini le négoce. Fini les compromis.

Dans le verre, il y a une forme d’évidence dans toutes les cuvées proposées aujourd’hui : des vins droits, pleins, savoureux. Des blancs vibrants et tactiles, aux relents grillés-fumés de Bourgogne, mais tendus par la minéralité jurassienne. On a tout regoûté avec Valentin, et, en face de nous, Raphaël Bérêche (illustre artisan champenois de Ludes) venait chercher son allocation…

C’est dire si l’aura de PV est déjà bien présente chez les grands auteurs de l’Hexagone !

Plongez dans le j’achète pour découvrir les cuvées.

Alors avant d’entrer dans le détail des cuvées, j’achète parce que ce n’est pas tous les jours qu’un jeune de 26 ans parvient à imposer un style aussi clair, aussi affirmé. J’ai aimé cette expression neuve, entière, sincère, d’un terroir réinterprété avec des codes de Bourgogne. Si Stéphane Tissot l’avait fait avant lui, là, on pousse le curseur encore plus loin, au point de dire qu’il est quasiment impossible de dire « jura » sur ces cuvées.

Les Abeilles est une superbe lecture du calcaire jurassien, associé à des marnes. C’est un blanc tendu, sapide, habillé d’une fine réduction grillée qui fait lever les yeux au ciel.

Le Noyer se décline en chardonnay et savagnin, avec deux styles assez proches. Le chardonnay est un poil plus ample, le savagnin (plus mûr pourtant) affiche un pH plus bas, et donc une perception plus saline et vibrante de l’acidulée. Le minéral est omniprésent dans ce parcellaire, avec une sensation de sel appuyée sur les deux cuvées.

Le Châtaignier, pur savagnin, est un vin qui m’a transpercé dès la première goutte. Vin remarquable de rythme et d’élan, il brille par sa très complète texture, qui s’étire avec une longueur phénoménale !

La Petite Montagne est une massale de 1955, plantée sur un socle caillouteux. Il y naît un vin cristallin, un peu moins marqué par la réduction que les autres, mais d’une finesse qui touche.

Absent de notre allocation, Les Saugettes est une parcellaire qu’il faudra goûter quand vous le pourrez, comptez sur moi pour en trouver quelques bouteilles !

Côté prix, c’est le Jura « haut de gamme », mais qui vaut franchement le coup à mon sens. En cliquant, vous découvrirez d’abord un style renouvelé de la région, et un talent indéniable qu’il faudra suivre de près !