Vinsanto 1992
Estate Argyros

« Pure est un blanc stupéfiant de personnalité, il transpire la griffe minérale de son socle comme aucun autre ! Quant à l’Assyrtiko « F » d’Economou, c’est un Assyrtiko métamorphosé en vin de contemplation… Un genre de Corton-Charlemagne local ! »

Chers membres passionnés,

Quelle rentrée étrange… Avec l’actualité pesante et son lot de morosité, l’équipe de Chais d’œuvre tente d’échapper à la réalité, et tout le monde au bureau rêve encore de soleil, partageant ses plus beaux souvenirs de dégustation de l’été 2025 ! Une forme d’échappatoire, concentrée ici autour de quatre cuvées de Grèce qui nous ont littéralement retournés, à l’aube de la pause estivale !

Arthur, Anna et moi avons eu le bonheur, en effet, de franchir la porte de Dionysos Mavrommatis pour un déjeuner coloré, savoureux, mais intense, qui s’est transformé en un traquenard délicieux… puisque nous avons ouvert huit bouteilles à quatre ! De quoi plonger dans l’âme du vignoble grec, en oubliant la réunion de sourcing de 14 h… Mais c’était pour une bonne cause, et de cette longue dégustation sont sortis quelques coups de cœur !

Dans un pays où l’histoire se confond avec le mythe, trois signatures règnent au sommet : Argyros, pilier de Santorin et maître absolu de l’Assyrtiko (rappelez-vous de la cuvée Nyktéri 2019, présentée en juin), Economou, vigneron de Crète qui cisèle des vins uniques, patinés parfois par sept ou huit ans de maturité avant commercialisation ; et Sigalas, dont la précision illumine chaque millésime. Leur point commun ? Une capacité rare à conjuguer intensité minérale et structure !

Aujourd’hui, l’équipe vous propose de prolonger cet été 2025 radieux autour de trois cuvées emblématiques de ces domaines, sans oublier, à la fin, le bouleversant Vinsanto 1992, qui avait, à la fin de notre déjeuner, le goût de l’éternité !

Commençons par « Pure », qui porte divinement son nom : une expression ciselée de l’Assyrtiko, aux essences de pierre chaude, de cédrat, de fleurs blanches mêlées. Arthur et Anna ont eu du mal à cracher cette cuvée, très différente de l’exceptionnelle cuvée Nyktéri. Ici, c’est le minéral sans filtre, un pur vin de terroir qui affiche une allonge impressionnante !

Ensuite, coup de cœur pour l’une des cuvées du domaine Sigalas, un trésor de Paris Sigalas qui, suite à la vente de son domaine, a voulu signer un vin unique, comme une signature ultime de son savoir-faire. Ici, 1 800 cols, des vignes d’Assyrtiko vendangées très tard, issues d’un socle purement volcanique (Kouloumbo est le nom d’un volcan sous-marin) qui offre un grand contraste entre richesse, volume et tension tranchante ! Aromatiquement, c’est à la fois la générosité qui frappe (pêche, pamplemousse, notes fumées) et le rythme en bouche qui tranche jusqu’à une finale pierreuse !

Puis, nous sommes passés en mode croisière avec le blanc immense d’Economou… Ici, on est chez l’un des vignerons les plus incroyables de Grèce, qui ne commercialise ses vins que lorsqu’il décide qu’ils sont « prêts »… un genre de Marlène Soria locale (Peyre Rose), au caractère trempé, voire explosif… Sa cuvée F (Phi) est un Assyrtiko sur calcaire, ébouriffant de complexité. Les très longs élevages et la patine en bouteille lui confèrent des nuances de miel, de pomme douce, avec la salinité minérale et les herbes méditerranéennes. Une longueur de Corton-Charlemagne, et une complexité qui rappelle la magie des longs élevages, à la Ganevat par exemple… Avis aux connaisseurs du club !

Un mot enfin sur le succulent (le mot est faible) Vinsanto de Sigalas 1992, qui est l’un des plus grands vins de méditation dégustés cette année… Liqueur divine, balance d’acidité extraordinaire, des notes de figues, de café, d’épices, livrées dans une persistance qui frôle la minute… Un vin inestimable, que j’aime qualifier d’expérience de vie liquide !

Alors, pourquoi j’achète ? Parce qu’on tient là quatre des vins les plus identitaires de Grèce, autour de l’Assyrtiko… et qu’il faut avoir dans ses repères le goût de ces terroirs historiques de la vieille Europe.

Côté prix, c’est haut de gamme, mais c’est l’équivalent sensoriel de nos grandes cuvées de terroir en France, avec des rendements bien plus faibles… Donc oui, c’est haut de gamme, mais ces vins n’ont rien à envier aux nôtres, croyez-moi !