Quelle visite inoubliable, quel accueil, quelle trajectoire surtout !
Chers membres passionnés, voici un nom qu’il faut graver en profondeur dans vos tablettes de belles adresses au rayon “pépites” ou “famille adorable” car c’est bien de ça que l’on parle quand on évoque la famille Coulon à Vrigny ! Il y a deux semaines, j’ai fait un petit tour en Champagne pour visiter quelques domaines, avec un petit crochet chez Jean Marc Sélèque et Antonin Michel, deux brillants interprètes qui incarnent à merveille le renouveau champenois... Mais avant cela, je suis passé à Vrigny, sur ces coteaux ouest de la petite Montagne de Reims, pour aller à la rencontre de Louise et Edgar Coulon, les enfants qui ont repris les rênes du domaine. Edgar opère depuis 2016 aux côtés de son papa, il m’a accueilli et m’a emmené faire un petit tour dans le cœur du réacteur : leur vignoble en coteaux de Vrigny, au cœur de leur parcelle “les Champs Chevaliers”. Après quelques échanges et l’excitation de la rencontre, nous sommes entrés un peu dans les détails pour comprendre l’envie, la vision, et voir un peu ce qui bouillonne comme idées dans la tête des enfants. Edgar m’a présenté son travail comme une “évolution sans révolution” et me confiait que cette passation était très douce. Car aux yeux de cette famille, tout ou presque se joue à la vigne pour faire de grands vins de lieux et ils mettent les petits plats dans les grands pour, chaque année, tirer l’essence de leurs terroirs. On notera les travaux d’agroforesterie récents qui complètent ceux d’Eric, le papa. Ils créent de l’ombre portée et de la fraîcheur dans leurs parcelles. D’autres travaux avancés de sols valideront en 2020 l’agrément BIO. Coté travail des sols, Edgar est clair : la meilleure charrue qui existe, c’est le ver de terre ! Nous en avons profité pour évoquer les cadastres, les parcelles sur 7 villages, les caractéristiques des 11 ha du domaine avec, sachez-le, quelques francs de pieds de Meunier dont la famille est fière. Nous avons aussi balayé les sous-sols, un peu sableux sur Vrigny, qui recouvrent une pellicule crayeuse très friable. Ces éléments forgent une partie de l’identité des cuvées. Côté rendements, on vise les 10000 kg/ ha, jamais plus, même dans les années généreuses comme 2018 ou 2022, où certains ont fait allègrement le double ! En cave, zéro miracle : peu de débourbages sur les jus, peu ou pas de soufre en vinification, on sent l’école “Pacalet” dans le discours d’Edgar, car c’est en Bourgogne chez Philippe Pacalet qu’Edgar a fait une partie de ses classes ! Enfin, un partie des jus fermente sous bois, le reste en cuve en levures indigènes, c’est la nature qui parle, rien d’autre !
Bref, vous l’aurez compris, il y a chez cette relève une vision, une envie, une fierté furieuse de faire rayonner le terroir de Vrigny et ses meuniers qui sont parmi les meilleurs de Champagne. Il y a surtout une gamme qui s’affine et qui mérite, pour les passionnés de bulles, un énorme coup de projecteur ! Plongez dans le j’achète, pour découvrir la gamme !
Petit tour en cave pour débuter la présentation des cuvées, c’est dommage que je ne puisse pas vous mettre des photos de celle-ci, elle est franchement magnifique ! Nous avons commencé avec “Herie-Hodie”, la superbe cuvée qui ouvre la gamme du domaine et qui, sur la base 2019, est un énorme coup de cœur. Le millésime est grand, on le sait, mais il est surtout complété par une réserve perpétuelle qui représente 50% de la cuvée. Dans le verre, on plonge dans un univers de silex frotté, de céréales, d’instances un peu fumées, avec le caractère gourmand du Meunier qui frappe à la porte. En bouche, c’est plein, frais, hyper fin, avec une bulle délicate, et un dosage quasi imperceptible (3 g/l). J’ai trouvé ce tirage d’Herie Hodie un poil plus frais que le précédent, avec un léger souffle mentholé. Gros coup de cœur pour cette Champagne à prix angélique ! La suite fut tout aussi intense, avec un petit tour par L’Hommée, hélas épuisée au domaine, mais qui, sur la base 2018, mérite aussi des applaudissements. Derrière, on passe en vitesse lumière avec Les Vignes de Vrigny, bouteille de cœur d’Isabelle (la maman d’Edgar et Louise) qui, comme moi, aime le raffinement de ce cœur de coteau. Ici, c’est la poudre de craie qui s’adosse aux messages du meunier, du chardonnay et du pinot. Chacun représente 1/3 de la cuvée. 2300 cols sont nés de ce tirage 2017, et dégorgés en avril 2022. Dans le verre, c’est l’équilibre du sel, avec un sol omniprésent, puis des messages de fruits secs et d’agrumes qui se complètent. C’est un brut nature, donc sans correction par liqueur d’expédition. Franchement, vu le coffre et la texture de cette beauté, il n’y avait rien à ajouter ! Je vous invite vraiment à cocher cette case qui fait la fierté de toute la famille ! Je vous passe la suite, qui fut un genre de descente aux enfers : Hauts Partas 2015, blanc de blancs de Chouilly de haut-vol, puis verticale des millésimes du papa : 2008, 2007… A ce moment de la dégustation, j’avais déjà 30 minutes de retard ! Edgar a poussé tout de même le curseur jusqu’à Synode 2016, superbe premier millésime pour lui, avec une ligne directrice : un terroir, un cépage, un lieu-dit (Fosse Saint Marcoux) , un millésime... Là, on sent l’intention, la vision de ce vin fermenté sous bois, et l’envie d’aller au bout du rêve. Le mot surnaturel est sorti dans la conversation, c’est dire si on n’a rien craché ! Je ne vous laisserais pas finir ce commentaire sans souligner les rouges d’Edgar, qui, sur 2019, a signé des pinots noirs et pinot meuniers en Côteaux Champenois assez bluffants. On sent la patte “Pacalet”, avec de la vendange entière, des fleurs séchées, des notes d’écorce d’agrumes dans les deux vins. Le Meunier est “expérientiel” car on n’en goûte jamais, mais il est très bon ! Le pinot noir boxe dans la catégorie des meilleurs rouges dégustés dans la région... Bref, ces derniers millésimes chez Coulon, c’est du lourd, la relève est là, Edgar prend ses marques, Louise arrive avec son premier vin en 2019... Et la passation entre deux générations se fait avec bonheur ! On sort de là complètement retourné, ému même... je vous souhaite de vivre ce moment !