Quelle visite inoubliable et quel niveau insolent surtout... Si il y a bien une chose que je me suis dite sur le quai de la gare vendredi soir à Colmar, c’est que la famille Barthelmé n’a pas volé son rang de domaine star dans la région et que l’homogénéité de la gamme et les plaisirs sont à tous les étages. Sur 2020, 2019 et quelques 2018, ça tourne à la leçon ! Tout a commencé à 09h, avec une série de rouges 2020 que j’ai décrite dans un j’aime j’achète séparé... Ils sont tellement uniques qu’ils valent bien un peu d’emphase et de mise en relief de leurs petits détails... Mais les blancs aussi, les blancs... Le Crémant est toujours insolent, pur, sapide, d’une classe absolue... Jacky et Antoine tentent d’étirer les temps d’élevage sur ce produit, mais en vain, tout le monde en veut, tout le monde se l’arrache dans la région. Si vous n’avez jamais goûté ce trésor, foncez. Dans les vins secs, on notera l’arrivée cette année de « L’Outrevin », un petit essai concluant d’Antoine et Jacky qui ont isolé des Chasselas, pinots gris et Auxerrois, avec une pointe de Gewurztraminer. Tout ce petit monde a fermenté en amphore, pour un résultat bluffant tiré à 2700 cols : une trame dans le verre de Marsanne sur Saint Joseph, avec de la pêche de vigne, un gras sec, pas de sucre et une belle énergie en bouche. C’est assez unique comme proposition, mais vraiment très bon ! Je vous invite à goûter ! Côté Riesling, l’ascenseur émotionnel de la gamme donne le vertige : Albert est toujours aussi net, pur et sapide que dans le passé, mais 2019 lui donne une autre dimension. Beaucoup de sel, d’agrumes, de lime et de zestes, c’est d’une précision hors norme et digne d’un grand cru chez les voisins. Le match « Schlossberg vs Furstentum » est toujours fabuleux : une matière moins large, mais très sapide sur le Schlossberg dont les granites tirent la salive à toute vitesse en bouche. On lit dans le 2020, une belle et longue carrière, le vin est sec, racé, concentré, surtout depuis 2 millésimes où le domaine n’isole que les vieilles vignes. Furstentum sur calcaire, est plus ample, mais tellement beau. Le terroir lui donne de la structure minérale, du coffre et une allonge de feu ! Côté moelleux et liquoreux, j’ai failli tomber dans les pommes dans l'Altenburg 2019 qui, en vendange tardive de Riesling, est tout simplement ce que j’ai bu de plus grand cette année ! 74 grammes de sucre, 7 d’acidité, pour un résultat sensationnel dans le verre. On a l’impression de boire une tarte au citron meringuée version liquide ! On salive, on s’émerveille de la qualité des esters, de la précision de ce vin taillé au laser ! Epicentre 2018 qui clôture la série est un des plus grands liquoreux que vous pourrez trouver dans l’hexagone, un truc de malade qui surfe sur un équilibre de certains Riesling Allemand : peu d’alcool, une concentration de fou, un vin qui fait passer plus de 150 grammes de résiduels comme une lettre à La Poste et qui offre une persistance qui frôle la minute. A part les Jurançon Babylone de Dagueneau, qui boxent dans cette catégorie et dans ce style, y a rien au dessus à mon sens dans cette famille. Un vin « expérience » à boire une fois dans sa vie !
Ces quelques lignes autour des derniers millésimes du domaine feront forcément échos aux membres qui sont venus à la soirée « Rencontre avec Jacky Barthelmé » faite en 2019. Il y a avait un MOF écailler (Arnaud Vanhamme) qui préparait des huîtres au caviar, des goujonnettes de bar aux agrumes, le tout servi avec une verticale des vins du domaine dont le fameux Schlossberg... On a failli mourir de plaisir ce soir-là ! Pour les autres, on parle d’un domaine 3 étoiles RVF qui aligne une des plus grandes série de grands vins depuis 7-8 millésimes. Crémant, blanc, rouge, moelleux, liquoreux sont à se damner. Dans les incontournables de cette série : les rouges 2020, les deux grands crus en Riesling, et surtout, l’incroyable Riesling Altenburg VT, qui est sûrement un des plus grands moelleux bu cette année à ce prix. Je le mets au niveau d’un grand Moelleux Réserve de Foreau, une quille qui déclenche des frissons quoi ! Goutez-y, et vous ne direz plus jamais que vous n’aimez pas les moelleux, car à ce niveau de plaisir, c’est de l’art !