“Ceux qui boivent en ce moment les 2017 de Bernard Bouvier ne vont pas réfléchir une demi-seconde pour mettre en cave des 2021. C’est, en termes de style, le millésime le plus proche des 2017 et, moi, les 2017 de Bernard Bouvier, je les adore en ce moment bien plus que les millésimes plus solaires !” Chers membres passionnés, voici certainement une des ventes flash les plus attendues de l’année par les VRAIS Burgundy lovers du Club. Quand je dis VRAIS Burgundy lovers, je parle avant tout de celles et ceux qui, dans une bouteille de vin dans la région, cherchent systématiquement le meilleur combo rapport prix-émotion-plaisir… Pas de ceux qui recherchent juste les étiquettes « IN » d’instagram ou de domaines inaccessibles. Je parle aussi de celles et ceux qui aiment, un peu comme moi, les années plus froides, celles où l’on lit mieux les strates minérales dans les cuvées, ces fameux millésimes qui nous ramènent à la Bourgogne des années 90… Assurément, 2021 est de cette trame, comme le furent 2017, 2014, 2010 aussi. Perso, je prends beaucoup de plaisir à commenter ce millésime en Bourgogne, car on sait que chez les top domaines, ce qui est né est bon, voire très bon et surtout livré dans une trame qui peut s’appréhender en jeunesse... Si on compare à son aîné 2020, c’est tout l’inverse, le millésime est complètement fermé sur lui-même en ce moment ! Pour en revenir à l’œuvre de Bernard Bouvier, vous retrouverez dans de nombreux j’aime j’achète la trajectoire de Bernard qui, dans la foulée de son Papa, à voulu tout changer ou presque : passage en BIO bien avant les autres, au milieu des années 2000, passage à la vendange entière dès 2010, avec un virage parfaitement géré sur cet art qui consiste à floraliser, aérer et à complexifier les cuvées en même temps. Vous y trouverez des phrases dithyrambiques sur les Gevrey Racines du Temps, les Longeroies sur Marsannay ou le fameux «Crais de Chêne », trésor abordable qui brille dans la gamme du domaine, sur ce si méconnu terroir de Fixin. Bref, on ne va pas refaire toute l’histoire, même si à chaque commentaire, ça me démange… Parlons plutôt des cuvées, et pour ça, il faut plonger dans le j’achète !
Bon, pour comprendre un peu le style assez évanescent et floral des pinots de Bernard Bouvier, je vous invite à goûter le simple Bourgogne rouge du domaine, qui réunit des vignes d’une quarantaine d'années entre Gevrey, Brochon et Marsannay. En général, Bernard l’approche avec 50% de grappe entière, pour lui donner un peu de corps et d’allonge. Perso, j’aime ce flacon pour son côté immédiat, complexe mais sans chichi et le sers avec bonheur un dimanche sur un carré de veau ou une belle volaille rôtie. Pour passer aux choses plus sérieuses, vous attaquerez Les Ouzelois, terroir que nous aimons bien chez Chais d’œuvre sur Marsannay, car plus complexe qu’un simple village. C’est une parcelle d’un hectare, située en sortie de combe qui profite d’éboulis calcaires pour se draper d’une trame fine, assez minérale que les fondus de Chambolle ont marqué dans leurs petits papiers. Le 2021 est doté d’une trame fraîche, une ambiance framboise-pivoine-santal qui donne le sourire. Il glisse sur la langue sans tanins et livre un Marsannay très fin, comme je les aime. On notera aussi la présence impériale des Longeroies, un de futurs Premiers Crus de l’appellation (dossier en cours à l’INAO), qui confère plus de fond et de densité à la lecture des Ouzelois. Chaque année, c’est un coup de cœur ! Comme évoqué dans le j’aime, le Fixin Crais de Chêne du domaine est un must, une parcelle qui, là encore, se gorge de la fraîcheur et de l’énergie d’éboulis calcaires pour briller. J’adore ce vin pour son tempérament, que deux ans de cave permettent d’apaiser un peu. Les tanins sont très fins là encore, mais la minéralité est plus appuyée, ce qui invite à un peu de patience. En ce moment, les 2017 sont à se damner ! Vous passerez aux choses super sérieuses en vous penchant sur le Gevrey Racines du temps, cuvée signature de Bernard qui réunit, ici, des vignes quasi centenaires (90-100 ans). Chaque année, c’est le MUST absolu de la cave, un vin qui met tout le monde d’accord : les pros, les copains vignerons (Vincent Dureuil adore par exemple), les journalistes, les consommateurs à la fin. Il nait des Créots et des Pinces Vins, deux terroirs de Gevrey qui se complètent et qui offrent, dans cette cuvée, un millefeuille aromatique super complexe : pivoine, rose séchée, violette, notes de bruyères, d’épices orientales, d’écorce d’agrumes et de noyau. C’est un Gevrey village avec une petite cape dans le dos qui, dans de nombreuses soirées Chais d’œuvre, a fait du mal à certains Premiers Crus servis en parallèle ! Un immanquable quoi ! Le Vosne village, qui m’avait tant ébloui en 2019, est encore là et au niveau, il se distingue par sa teinte aromatique plus sombre, on sent les argiles de la partie sud du village, qui embarquent dans un univers plus spirituel. Mon conseil, attendre ce village 3 ans en cave et le servir en automne sur une viande blanche avec un jus truffé. Vous retrouverez aussi les Fuées, Premier Cru de légende de Chambolle, que Bernard signe en toute petite quantité. Là, c’est un vin de garde, ce qui est assez normal, on est voisin des Bonnes Mares. Il faut attendre 5-7 ans pour que la proportion de bois neuf et la vendange entière se fondent dans l’univers mais une fois que c’est fait, je vous promets que ça déménage. J’adore le trait, la bouche suave en finale de cette cuvée. Enfin, il y a une poignée de Charmes, pas encore d’Echezeaux qui ne seront en bouteille qu’en cette fin d’été 2023. Le Charmes est, comme chaque année, le vin le plus expansif dans l’aromatique, le plus long, mais pas le plus costaud. Ici, c’est l’esprit, pas les muscles, un vin délicieux à attendre religieusement une dizaine d’années en se disant : “vivement qu’on soit plus vieux”. Je me disais ça avec les 2017, et en ouvre une de temps en temps... A chaque ouverture, je me dis que j’ai bien fait !