Barolo Cerretta 2017
G.D. Vajra & Luigi Baudana

« Une pépite de 4 ha du très prestigieux vignoble de Serralunga d’Alba, magnifié depuis 2009 par la famille Vajra ! » Tout passionné de grands vins de Barolo a forcément entendu parler d’Aldo Vajra, une véritable référence du lieu-dit « Le Viole », dans les hauteurs du village de Barolo. Jeune sommelier, lorsque je voyageais dans le vignoble, je m’arrêtais chaque année chez eux car j'adorais le style, les hommes, les vins. Je les ai servi avec passion lors de mes années au Royal Monceau. Depuis 2009, ils accompagnent la famille Baudana dans un projet résolument humain et hyper qualitatif qui vise à perpétuer le travail ancestral de leurs terroirs familiaux de Serralunga, tout en s’adossant à un « boss » de la vinification dans la région. Dès les premiers millésimes, j’ai compris qu’il allait se passer des trucs dans ce domaine. Les terroirs sont grands (rappelons que c’est là que la famille Conterno signe son Monfortino), avec beaucoup d’argile. Je les compare souvent à Nuits-Saint-Georges en Bourgogne, dans le style et leur aplomb minéral. Dans la gamme, le domaine signe quelques cuvées parcellaires dont le fameux Cerretta. Il y a quelques semaines, j’ai eu le privilège de recevoir Aldo Vajra à l’Atelier et de mettre des mots sur des sens sur quelques 2018 et 2017. Sincèrement, c’était sublime ! On comprend déjà le jeu de contraste entre finesse et structure minérale dans le Barolo del Serralunga, qui n’est autre qu’un assemblage des jeunes vignes (20-35 ans) des crus Baudana et Cerreta, associé à un troisième lieu-dit Costabella. Tout est bio bien entendu sur ces parcelles, comme tous les vignobles d’Aldo Vajra. Dans le verre, c’est le plus avenant en jeunesse du trio de la gamme, un Barolo teinté d’un fruit croquant (framboise sauvage, cerises macérés), associé à des petites pointes fumées de tabac et de fleurs séchées. En bouche, c’est un Barolo accessible, les tanins sur 2018 furent à peine extraits et donc au service d’un plaisir assez immédiat. Une super quille pour comprendre l’esprit des vins du domaine. Derrière, les deux incontournables sont Cerretta et Baudana. Le premier est un vignoble vertigineux qui plonge sur Lequio. Un terroir singulier, qui imprime les Barolo de ce secteur par ses notes de fruits plus denses, plus sombres... Des notes de vieux balsamique accompagnent un fruit profond et bien mûr sur 2017 (année chaude en Piémont) avec des touches minérales ferreuses comme on en trouve sur certains secteurs sud de Nuits en Bourgogne. Des petites pointes de prunelles et de fumée accompagnent une matière sérieuse en bouche, mais toujours classe en termes de présentation. A boire, c’est déjà bon, mais on ne peut s'empêcher de rêver à 5-6 ans de cave en plus ! Enfin, Baudana est assurément la vigne de cœur de la famille, et par conséquent, celle à ne pas rater ! L'argile bleue, profondément ancrée dans ce terroir fait naître un vin d’une grande élégance, toujours juteux et sans lourdeur. Teinté copieusement de fruits rouges, il évoque aussi la prune, l’abricot mariné avec une pointe de thé noir et d'aiguilles de pin. La bouche est un millefeuille sensoriel riche, douée de tanins souples et d’une finale fraîche et sapide. Un savant mélange du style fin d’Aldo Vajra à la puissance des terroirs de Serralunga !

Quelques caisses pour la France ! Vous imaginez bien qu’avec 4,5 ha de vignes, la distribution des vins du domaine est assez rapide... Mais Aldo Vajra met un point d’honneur à faire déguster en France, chez quelques bons ambassadeurs, les vins de sa pépite de Serralunga. Si vous êtes fondus comme nous des grands vins du Piémont, alors je vous invite à cocher ces cases. Les prix sont loin d’être délirants et les vins sont assez fabuleux. Buvez les 2018 jeunes et laissez les parcellaires de 2017 se fondre encore un peu en cave 2-3 ans. Vous verrez à l’ouverture que la réputation du domaine ne s’est pas faite dans des journaux spécialisés, mais à la dégustation où tout le monde applaudit !