Marsannay 2019
Domaine Bruno Clair

« Un millésime mur, concentré par la nature, mais qui porte en son cœur du sel, de l’énergie, et un fruité glorieux ! » Synthétiser 2019, c’est forcément utiliser quelques superlatifs et se rendre compte de l’évidence : blancs, rouges, Côte de Nuits, Côte-de-Beaune, Côte Chalonnaise où partout ailleurs, le millésime est dément ! Hier matin encore, Hugues et moi prenions une claque monumentale au domaine Leflaive à Puligny, où Pierre Vincent a signé assurément, le plus grand millésime du domaine depuis très longtemps ! Nous espérons vous faire goûter tout cela en soirée très prochainement ! Aujourd’hui, c’est chez Bruno Clair que nous vous emmenons pour présenter les 2019, une année de haute maturité pour les pinots du nord de Côte de Nuits qui sied, à mon sens, assez bien au profil gourmand et juteux des vins du domaine. Les blancs sont tout aussi bons et charnels. Ne manquez pas l’apéro autour du Marsannay blanc: très efficace, sur la poire, la châtaigne et la patine très douce amandée de son élevage. Les aficionados du Marsannay Grasses Têtes retrouveront ce flacon dans une finesse admirable où la légèreté de trame côtoie un fruit long et intense. Jeune, sur cette phase gourmande, il est presque dangereux. Le ton monte un peu en sensations sur le Gevrey village imprimé des notes chaudes de cerises noires et d’épices. Il porte en son cœur le support salivant d’une belle année, et un peu de sève qui le feront vieillir doucement. Quand je le déguste, je repense aux 2015 délicieux aujourd’hui ! Pour la toute première fois depuis 4 ans, nous ferons aussi un tour par ce cru qui a porté le domaine en notoriété : les Dominodes à Savigny. En 2019, le combo entre le millésime et l’évanescence, le caractère expansif des bouquets et la légèreté de trame (typique de Savigny) forgent un résultat superbe. Il dépasse allègrement le Marsannay en persistance. Une grosse quille à garder sur 2019, ou à déguster sur le 2017 (très souple et gourmand) que le domaine nous a proposé en parallèle. Sur Morey, vous retrouverez le fameux « Rue de Vergy », haut de coteau derrière le Clos de Tart, avec cette trame minérale qui aiguise les sens. Grosse bouteille, mais pas touche avant 3-4 ans pour qu’il se pose tranquillement. En attendant, goûtez au blanc de ce cru, outsider génial à servir à l’aveugle dans une série de blancs plus célèbres de Côte-de-Beaune, vous verrez que la craie, à fleur de ces terroirs, donnent des blancs de Côte de Nuits remarquables. Le trio final de cette série est forcément grandiose dans ce millésime : Clos Saint Jacques, légendaire, l’expression sensorielle parfaite de Gevrey (noyau, menthol, pivoine) dont la longueur est affolante ; le très minéral et racé Bonnes Mares (sur Morey pour cette parcelle) qui n’usurpe rien à la légende du cru. Ceux qui ont bu avec moi le 2015 en masterclass, se souviendront du choc gustatif proposé. Clou du spectacle : Clos de Bèze, impérial, puissant, dont le charisme et l’allonge met fin à toute comparaison. Une quille de collection !

«  Profitez bien des 2019 et 2020, car en 2021, ça sera moins drôle » ! Hier soir, en rentrant de Bourgogne par le TGV, je suis tombé sur Nicolas Rossignol, Bruno Lorenzon, et Thomas Bouley avec qui j’échangeais sur 2019- 2020 et 2021... Il semble que 2020 s’annonce sous de bonnes auspices, et c’est tant mieux. Par contre, en 2021, c’est là que l’on verra qui sont les bons... Millésime faible, chaptalisé, avec des états sanitaires parfois douteux... Ça ne va pas être la fête à chaque bouteille, loin de là. Le pire dans l’histoire, c’est que le négoce flambe, il n’y a pas de vins et ils vont coûter cher. Certains pensent déjà à augmenter les prix sur 2021, alors que le millésime est très moyen. Ça me laisse un poil songeur !