Saint-Émilion Grand Cru 2024
Château Tertre Rotebœuf

“Un Roc de Cambes qui tutoie à nouveau bien des Saint-Émilion, et un Tertre Rotebœuf fidèle à lui-même : dense, pulpeux, d’une constitution remarquable !”
Chers membres passionnés,
Chaque passage chez les Mitjavile me rappelle pourquoi j’ai choisi ce métier de sommelier. Parce que derrière la connaissance, et les codes, il existe des lieux et des hommes qui échappent aux classements, aux pièges des millésimes, aux modes aussi. À Roc de Cambes comme à Tertre Rotebœuf, chacune de mes visites me rappelle combien l’homme fait partie du terroir, et que le geste, le style et la vision peuvent tout changer !
Le millésime 2024 que toute la planète vin a dégusté mi-avril dans une ambiance suspendue du chai de Saint-Laurent-des-Combes a mis tout le monde d’accord. Entre les barriques au grain blond et l’ambiance feutrée du domaine, tous les clients qui ont goûté les vins du domaine ont souligné que l’émotion reste intacte, malgré les caprices du millésime. Perso, j’ai trouvé que 2024 épouse à merveille ce que j’aime chez les Mitjavile : une maturité sensuelle, jamais brûlante, un fondu d’élevage qui semble déjà digéré, et ce toucher de bouche qui évoque le velours froissé d’un grand Bourgogne solaire. Je repense, en écrivant ces lignes, au millésime 2007, qui est dément en dégustation en ce moment.

Dans le verre, vous retrouverez le Domaine de Cambes 2024 que j’aime décrire comme un vin de consolation, celui qu’on ouvre les jours gris, pour retrouver un peu de lumière, un fruit tendre et tactile, au grain superbe. Le rapport prix-émotion est génial !

Dans Roc de Cambes 2024, c’est le charme racé, l’élan des grands Bourg qui tutoient les grands crus de Saint-Émilion, mais avec cette ampleur de chair unique, cette densité qui fait qu’on se rappelle longtemps de ce flacon !

Dans Tertre Rotebœuf 2024, enfin, on tutoie l’irréel : un vin qui affiche une opulence impressionnante, sans jamais devenir lourd. Le millésime sculpte les muscles de Tertre, en le rendant plus salivant, plus vibrant. Un vin de grande garde, mais aussi une caresse en jeunesse !

Pourquoi j’achète ? Parce que les vins du domaine ne ressemblent à rien d’autre. Parce que dans ce coin de Saint-Émilion, un homme a osé écrire son propre vocabulaire, loin des appellations, loin des carcans, et qu’il a été un des premiers à les servir à l’aveugle, face à des 1ers grands crus classés… Perso, j’achète Roc de Cambes depuis 20 ans, car je trouve le niveau insolent, et parce que c’est un Bordeaux de transmission, un vin qui fait parler les générations autour de la table, autour de ce qui est possible dans la région ! J’achète aussi Tertre Rotebœuf, même si c’est un luxe, mais j’achète surtout parce que je sais que dans 15 ou 20 ans, il sera là, entier, racé, délicieux. Mon ami Jean-Philippe m’a servi un 2005 à l’aveugle lors d’un petit week-end entre amis à Saint-Bonnet-le-Froid, et j’ai encore en bouche cette impressionnante sensation !
Enfin, j’achète Domaine de Cambes pour le plaisir immédiat, parce que c’est un Bordeaux tendre, sans esbroufe, qui porte le style maison, sans pour autant se prendre pour ce qu’il n’est pas ! Côté prix, Tertre redevient presque accessible, mais le reste ne bouge pas trop, on est dans un artisanat qui ne permet pas non plus de casser les prix ! Mais ce qui compte, c’est d’en avoir pour son argent, n’est-ce pas ? Là, c’est le cas !