Vin de Corse Chiesa Nera 2011
Clos Venturi

« Manu Venturi est au sommet de son art ! Ses vins sont lumineux, et très complets… Le temps joue aussi pour lui… et à la fin, pour nous ! »
Chers membres passionnés,
L’émotion de l’année en Corse, je vous le disais l’année dernière, c’est lui. Et ce n’est pas une lubie passagère. Depuis plusieurs années, Manu Venturi affine un style hors normes, à la fois insulaire et universel, enraciné et libre, avec une régularité de fond et une précision dans toute sa gamme qui forcent l’admiration. Nous l’avons toujours défendu car j’avais eu un coup de foudre au départ sur « Altare blanc », et l’avons suivi avec passion. Mais le choc, cette année, c’était en janvier à Vinapogée. Devant un parterre de grands crus de toutes les régions, ses Chiesa Nera, Chemin de Croix, ont illuminé les tables. Il était accompagné cette année de mon ami Gérard Courrèges, autant vous dire combien la dégustation corse était explosive ! Ce jour-là, aucun doute possible, les 700 personnes présentes au salon ont convenu que ces vins deviennent grands avec le temps ! C’est cette dimension que nous voulons aujourd’hui partager avec vous. Pour la première fois, nous avons obtenu une verticale complète des deux cuvées phares du domaine : Chiesa Nera (en blanc comme en rouge) et Le Chemin de Croix. Trois millésimes, pour chaque, qui racontent l’évolution d’un style, la noblesse des cuvées et la justesse de Manu Venturi ! À leurs côtés, vous retrouverez aussi la fraîcheur salivante du blanc 2024, la fougue du rouge 2022, et les deux versions 2023 de la cuvée Altare, une nouvelle lecture encore plus libre des grands cépages corses. Difficile de résister à l’appel de ces vins solaires, structurés, vibrants, qui regardent les grands Bourgognes et les beaux Rhône Nord droit dans les yeux. Plongez dans le j’achète, pour les découvrir !

Commençons par le Blanc 2024, l’entrée en matière. Une claque de fraîcheur dès le nez : cédrat, poire, infusion de verveine, menthe froissée. Un vin jeune, mais déjà posé, d’une sincérité déroutante. La bouche est tendue, sapide, portée par un balancier salin presque iodé, comme un écho au granit de la haute vallée du Golo. Parfait pour découvrir le style.
Altare Blanc 2023, lui, bascule déjà dans une autre dimension : du fond, du gras, de la noblesse. Le nez est plus compact, sur l’amande, la cire, la fleur d’acacia, avec une fine réduction grillée qui évoque certains élevages de Bourgogne (rappelez-vous du 2019, un truc de fou !). En bouche, c’est plus large, plus vibrant, encore en retenue, mais avec une empreinte saline qui rappelle de grands blancs du Rhône… ou certains Savennières d’émotion.
Et puis, il y a Chiesa Nera Blanc, la cuvée-totem du domaine. Deux millésimes sont proposés :
– Le 2022, lumineux, dans un registre miellé, presque oriental : curry doux, eucalyptus, bergamote, fleur d’oranger. Une texture magistrale, toute en tension.
– Le 2016, c’est la révélation du vieillissement maîtrisé. La robe est dorée, le nez immense, sur la cire, le fenouil, le citron confit, la roche chaude… En bouche, la trame est fuselée, presque tannique, et la finale n’en finit pas. Un blanc de méditation.
Passons aux rouges, qui sont tout aussi impressionnants par leur finesse d'extraction et leur densité racée.
Le Rouge 2022, premier palier d’entrée, est une infusion de maquis : fraise écrasée, thym, fumée, épices douces. La bouche est souple, gouleyante, avec ce grain de tanin déjà finement poli.
Altare Rouge 2023, lui, joue une autre partition : celle de la profondeur sans lourdeur. C’est ample, mais jamais démonstratif. Le nez évoque les cerises noires, la terre mouillée, la cendre froide. En bouche, on sent déjà une architecture tannique de garde, mais sans aucune rusticité. C’est précis, net, et ça ne fera que s’affiner !
Chiesa Nera Rouge est un concentré d’élégance :
– Le 2022 explose de fruits noirs, de tapenade, de résine, avec un côté sanguin et frais à la fois. La bouche est ciselée, brillante, avec un très beau retour floral (violette, pivoine).
– Le 2016 s’offre avec un charme infusé : on est sur le tabac blond, le cuir fin, les petits fruits secs. Un vin racé, presque bourguignon dans sa délicatesse.
– Et puis le 2011… grand moment. Texture patinée, longueur majestueuse, un vin qui donne envie de se taire et d’écouter ce que la Corse peut murmurer à travers ses vieilles vignes.
Enfin, Le Chemin de Croix, apothéose :
– 2022 : sombre, serré, mais déjà éblouissant. Myrte, graphite, suie, genièvre, fruits noirs macérés. Une structure de niellucciu parfaitement domptée, presque bourguignonne dans l’expressivité du fruit.
– 2019, déjà ouvert, montre un profil velouté, avec cette longueur saline et cette énergie très “Venturi”.
– Et le 2016, c’est la grâce. Le jus est soyeux, délicatement évolué, avec des notes de cuir fin, de cerise, de rose séchée, de tapenade. Une forme d’apaisement dans la grandeur.
Bref, plein de trésors à déguster, tout cela à la suite, afin de comprendre pourquoi ce domaine est devenu un phare pour la viticulture corse. Et pourquoi les grands dégustateurs commencent à le placer à hauteur des plus belles expressions méditerranéennes d’Europe.