" J'entame une solera d'Aligoté, je replante des Pinots Blancs, Anne-Marie tresse toutes nos vignes au lieu de les rogner, je refais du vin comme Pépé... Je retape la 203... " Passez un jour déguster chez Jean-Marc Vincent, et vous découvrirez un homme à part, un phénomène qui a une idée par seconde ! Des idées qu'il met en œuvre depuis 20 ans, et qu’il applique systématiquement. Ce vigneron de génie, chouchou des membres de Chais d'œuvre depuis sa création en 2012, n'en finit pas de m'épater. Toute la gamme est dingue, aussi bien les blancs que les rouges depuis 3 millésimes, et encore une fois l'Auxey-Duresses Les Hautés est un trésor, qui tutoie bien des Meursault. Située tout près des Meix Chavaux de Jean-Marc Roulot, cette vigne d'un hectare menée en biodynamie depuis 15 ans livre un vin dont l'envergure et la minéralité sont celles des meilleurs Chassagne, Puligny et Meursault. Magnifiée dans son expression par le style irrésistible des blancs de Jean-Marc Vincent (fine réduction sur lies, toasté subtil et grande pureté de fruits), ce vin est chaque année une bombe ! Derrière les 2018, qui avaient gagné en épaules, grâce à un millésime généreux et à un travail des lies, voici les 2019. Un millésime grandiose, comme tout le monde le sait, mais une demi-récolte, nourrie de vins plus purs, plus fins et plus sapides. Une fois encore, Jean-Marc a fait évoluer sa cuvée, car il la voulait plus saillante, plus vibrante, plus longue et moins large. Un challenge relevé haut la main dans cette pépite qui a gagné en race, en grip minéral, en allonge. J’adore !
Salué et applaudi par la plupart des grands vignerons de la Côte, Jean-Marc Vincent est au sommet de son art. Juste avant ma visite en mars dernier, il recevait sa bande de potes qui sont tous dingues de ses vins : Sylvain Pataille, Charles Lachaux, Olivier Lamy, Thomas Bouley... Des noms qui résonnent forcément dans la tête des amateurs de grands bourgognes, et surtout des hommes qui ont un point commun : ils transcendent leurs appellations, grâce à des choix agronomiques très engagés ! Lors de ce passage " d’examen ", dixit Jean-Marc, il est ressorti deux certitudes : la première, est que l’audace paye ! Jean-Marc change de futaille, n’utilise quasiment plus de SO2, sauf en dose infime à la mise, il est en quête d’une lecture limpide de ses terroirs, et ça marche ! La progression en 10 millésimes autour de ses cuvées de blancs et de rouges, est le témoin de cette envolée vers les sommets. La seconde certitude, c’est qu’il ne vend pas ses vins assez chers... Cela va vous faire sourire, mais oui, le domaine fait quasiment le double de travail que les voisins, qui sont parfois assis sur un tas d’or, avec des appellations plus prestigieuses. Eux, investissent beaucoup plus dans l’humain, le temps passé aux vignes est colossal, et pendant de nombreuses années, Anne-Marie et Jean-Marc ne se sont quasiment pas payés... Est-ce acceptable pour des personnes aussi engagées, aussi talentueuses ? Non ! Donc oui, les vins ont un peu augmenté cette année mais c’est largement mérité. J’aime dire que les mêmes vins, étiquetés Meursault ou Volnay, se vendraient au moins le double... Avis à ceux qui aiment boire grand, sans forcément casser leur tirelire !