La cible pour nous, c’est les Poyeux comme on les faisait au Clos Rougeard. On a fait appel à Dussiaux pour certains fûts avec des élevages très longs qui poudrent la matière, suivi d’un peu de temps en bouteille. Un dessin de vin qu’on a bien connu en jeunesse avec Nady et Charly Foucault. 2019, le tout premier millésime est une quille énorme ! » Voilà ce que vous dirait Philippe Noyé, allias « ma poule » pour les intimes, en vous parlant du tout premier millésime de Trezellières au Domaine des Closiers. Cette pépite de Saumur que nous vous présentions dans les coffrets de 2020 a été reprise à l’aube des vendanges 2019 par Anatole Delabrosse, un brillant entrepreneur passionné de Loire et de cabernet franc. Dans le petit village de Parnay, il a repris ce vignoble au côté de Michel Chevré, l’homme qui a mis en place la biodynamie chez Thierry Germain au domaine des Roches Neuves, et a suivi les conseils avisés de Nady Foucault (du Clos Rougeard) et de Philippe Noyé, une véritable légende du vin qui a lancé les plus grands : Bretaudeau, Clos Rougeard, Pierre Gauthier, Dagueneau, Guiberteau, et tant d’autres. Une forme de drink team en somme, qui a donné de la vision au projet et surtout une trajectoire archi enthousiasmante pour ces cuvées qui se sont révélées aussi délicieuses qu’on pouvait l’espérer dans le pitch ! L’année dernière, lors de Wine paris 2022, j’avais croisé Anatole qui faisait déguster en avant première ce petit trésor. J’avais sincèrement halluciné tant la dimension tactile, le fruit plein et le poudré des tanins étaient impressionnants. Nous n’attendions que la confirmation en bouteille de cette cuvée qui, en fin d’année dernière, a confirmé ses intentions. Dans le verre, on saisit toute la magie des longs élevages comme c’est souvent le cas chez Pierre Gauthier ou au Clos Rougeard. Le cabernet se floralise et déploie un spray intense de cassis doux et de graphite. L’élevage des quelques pièces neuves ne marque pas, c’est assez saisissant pour être souligné. En bouche, l’équation pulpe, fraîcheur, grain poudré et allonge gustative donne le sourire. À cela s’ajoutent les attributs du millésime où la maturité ne subit pas le côté solaire de l’année. On profite autant du côté brillant du fruit que des instances minérales du terroir de tuffeau qui accueille les vignes en coteau. Sincèrement, je me suis régalé en goûtant à cette bombe, et ne pense qu’à une chose depuis : la retrouver à 6-7 ans de bouteille, pour voir comment ce cousinage stylistique avec le Clos Rougeard se profile. Énorme coup de cœur !
Les quelques veinards qui ont pu goûter les premiers vins du domaine vous diront, comme moi, qu’il faut le suivre de près, de très près même...J’ai eu le plaisir, en parallèle de cette cuvée un peu « spéciale » de mettre des mots sur des sens autour des 2021 (pourtant annoncé comme complexe) et je peux vous dire que la barre est très haute pour les voisins. Avec cette confirmation, Anatole Delabrosse prouve que les ambitions du domaine des Closiers tiennent clairement le rang fixé par l’équipe. Côté prix, Trezellières est un parcellaire rare qui est vendu plus de 3 ans après la récolte... Saluons l'effort considérable de trésorerie qu’il a fallu porter (c’est rare pour un nouveau domaine) pour étirer ces matières et rendre l’équation encore plus savoureuse. Alors oui, on est dans le très haut de gamme de Saumur, mais aussi dans une partie de rêve. Oserez-vous tenir ce pari audacieux et cliquer ? Moi, oui, et plutôt deux fois qu’une car ce qu’il y a dans le verre, c’est renversant ! Et si vous n’osez pas aller jusque là, goûtez ne serait ce que les Coudraies 2020 qui est aussi très solide ! Moi je dis chapeau pour l’audace, la vision et surtout pour la réalisation !